Télécâble Sat - Le 11/05/22
En janvier 2020, la championne de patinage dénonçait dans un livre coup de poing, Un si long silence, les viols par son ancien entraîneur alors qu'elle était adolescente, ouvrant la voie à sept cents signalements d’agressions sexuelles dans cinquante fédérations de sport.
Cela a-t-il été difficile de replonger dans votre enfance ?
Ça m’a beaucoup remuée. Mon père a filmé pendant des heures mes premiers pas sur la glace. Je regardais beaucoup ces images avec lui avant qu’il décède mais jamais celles de mon agresseur que j’ai revues pour la première fois. Lire des passages de mon livre devant la caméra a, en plus, fait ressurgir mon mal-être, j’ai beaucoup pleuré.
Ce documentaire est-il une sorte de thérapie ?
Je ne veux pas être une victime, je suis d’abord une championne. Grâce à ce prime time, j’espère pouvoir aider d’autres personnes à briser le silence, être un déclencheur comme l’a été pour moi La Consolation, le téléfilm sur l’histoire de Flavie Flament, violée par le photographe David Hamilton.
A-t-il été compliqué pour vos proches de témoigner ?
Ma mère ne voulait pas. Elle était encore dans la culpabilité de ne rien avoir vu, à l’époque. C’est incroyable qu’elle ait fini par accepter. Quant à Stéphane, mon ex-partenaire sur la glace, il a compris, pendant le tournage, l’impact de ce qui m’était arrivé sur notre carrière commune.
Avez-vous des contacts avec d’autres victimes ?
Oui, énormément ! Je viens de créer mon association, La voix de Sarah, pour les aider. J’entraîne des enfants en patinage et je fais de la prévention sur les abus. Je viens aussi de créer un nouveau spectacle sur glace pour raconter mon histoire.